
21 mai 2020
Quand le confinement en famille génère des tensions
Rester ensemble 24 heures / 24 et 7 jours / 7 n'est pas évident, quand on est habitué à déposer Bébé à la crèche le matin, les Grands à l'école, de partir au travail, et de ne retrouver tout ce petit monde qu'à 19 h. Que nous vivions à deux, à quatre ou à plus, que nous soyons un couple, des parents séparés ou une fratrie, il advient presque inexorablement, au cours d’un confinement, un moment où le ton monte, les tensions se cristallisent, la dispute éclate.
Le contexte anxiogène de la crise est propice aux tensions dans une famille : entre la peur de la maladie, la perte de la liberté, le sentiment d’impuissance, il y a un énorme besoin de sécurité mais également un énorme potentiel de conflit.
Les conflits les plus fréquents tournent autour des tâches ménagères, du droit de travailler en tranquillité, de prendre soin des enfants, des problèmes générationnels et bien sûr de gérer les enfants, qui, eux aussi deviennent de plus en plus irritable.
Au début du confinement, mon mari et moi avons eu des discussions avec les enfants concernant qui fait quoi. Notre but était de faire participer les enfants dans les tâches ménagères. Mais cela s’est terminé en discussions interminables à chaque fois. Pourquoi ? Parce que nous n’étions pas suffisamment clair concernant nos attentes. Inconsciemment nous avions laissé une place au doute.
Des attentes claires
Nous avons alors vite décidé de faire un planning par semaine en déterminant le responsable pour les diverses tâches telles que préparer et débarrasser la table, remplir et vider le lave-vaisselle, vider la poubelle, le lave-linge et le nettoyage de l’appartement. Nous avons décidé de ces responsabilités en famille, les enfants ont contribué au planning et ils étaient d’accord avec ce planning.
Cette approche nous a permis d’installer de petites habitudes en douceur grâce à la répétition. Cela a éliminé beaucoup de discussions inutiles.
Nous façonnons en premier lieu nos habitudes, puis se sont-elles qui nous façonnent. (John Dryden)
Les enfants sont arrivés à la conclusion que nous n’avons plus besoin d’une aide-ménagère, car le processus fonctionne très bien comme ça.
Mais comment réagir, quand un des enfants ne veut pas jouer son rôle malgré le joli planning ?
Cette semaine un de mes fils a décidé de faire de la résistance quant à ses responsabilités de charger le lave-vaisselle après le repas. Voici une méthode pour ouvrir le dialogue et éviter le conflit.
1. Verbalisez les émotions
Exprimez par le langage les sentiments ressentis. « Hum ! Je comprends que tu n’as pas envie. Ce n’est pas drôle de remplir la machine. Et une semaine peut te sembler longue pour cette tâche. N’oublie pas que la semaine prochaine tu seras au repos. »
2. Commencez par les faits en expliquant l’écart
D’une manière neutre et factuelle vous remarquez l’écart entre ce qui a été planifié (et accepté de tous) et la réalité. C’est essentiel de dire ces mots sans faire de reproches, ni blâmer ou accuser.
« Tu te rappelles que nous nous sommes mis d’accord pour que chacun garde son rôle pendant une semaine. Et aujourd’hui c’est toi le responsable pour le lave-vaisselle. Je vois que tu ne veux pas respecter ton engagement. »
3. Cherchez le dialogue en posant une question ouverte
À la suite des explications sur l’écart entre vos attentes et la réalité, posez une question ouverte pour déclencher le dialogue : « Qu’en est-il ? »
Mon fils râle … «Je déteste faire la vaisselle! »
4. Explorez les conséquences naturelles de ce refus
« Tu sais, si tu ne le fais pas, c’est nous, les parents qui devrons le faire. J’attends de toi que tu respectes ton engagement. Si nous ne respectons pas nos engagements ce serait le chaos à la maison : pas d’argent, le frigo vide, rien à manger, pas de vacances … »
« OK, ok, c’est bon. J’ai compris, maman » a dit mon fils et il a commencé à ranger les assiettes.
Cela n’était pas forcément un conflit profond, mais si nous rencontrons beaucoup de ces petites situations dans la journée, cela peut faire augmenter les tensions familiales significativement.
4bis. Explorez les conséquences imposées à la suite du refus
Et si jamais les tensions persistent malgré tout, il faut alors explorer les conséquences imposées. Cela veut dire de sanctionner, par exemple au travers de la privation de jeux vidéo, télévision etc. Il ne faut pas commencer avec une menace, mais si l’approche gentille ne fonctionne pas, il faut quand même faire respecter les règles.
5. Votre intention
La clé de la réussite n’est pas seulement de suivre ces 4 conseils – soyez clair sur vos attentes, montrez de l’empathie, commencez par les faits et explorez les conséquences naturelles – il y a un aspect qui est presque plus important : votre intention.
Votre intention s’apparente au principe de ‘cause à effet’ dans la physique. Si votre intention est de faire la morale ou des reproches, l’effet va être en conséquence la résistance, la colère, le conflit.
En revanche, si votre intention est de comprendre l’autre et régler le souci avec respect et écoute, vous aurez plus de chances de réussir.
En temps de confinement, un dialogue apaisé est plus important encore pour permettre à tous de rester au calme et de ne pas rajouter d’inquiétudes supplémentaires.
Découvrez notre nouveau Livre-Blanc !