
15 février 2019
L’art de se raconter des histoires
Les histoires malignes, un concept universel !
Quand nous ressentons le besoin de nous justifier ou de nous dédouaner, nous avons tendance à nous raconter des histoires malignes.
Nous appelons « histoires malignes », cette petite cuisine pleine d’imagination que nous élaborons pour, à nos propres yeux, justifier tous nos écarts de comportement. Elles sont malignes, car elles nous permettent de nous sentir bien tout en nous comportant mal même si, du point de vue du résultat, on n’arrive à rien.
Voici les trois plus courantes :
HISTOIRE DE VICTIME – « CE N’EST PAS MA FAUTE »
La première histoire maligne est l’histoire de la victime. Dans ce type d’histoire, nous nous présentons comme le poussin Caliméro.
C’est toujours le même mécanisme. L’autre a tort, il me veut du mal, moi j’ai fait tout ce qu’il fallait, j’ai raison. « C’est trop injuste ! »
En réalité, nous pouvons parfois être une innocente victime. Imaginez que dans la rue on vous menace avec une arme…
C’est un fait, pas une histoire et là vous êtes vraiment une victime. On est d’accord.
Mais dans la plupart des cas, les récits de victimisation sont loin d’être aussi factuels. Quand nous racontons une histoire où nous sommes la victime, nous passons sous silence, et même à nos propres yeux, notre rôle dans le problème. Nous nous racontons une histoire qui évite judicieusement les faits liés à ce que nous avons fait (ou pas) et qui pourraient avoir contribué à la naissance ou à l’alimentation du problème.
Par exemple, la semaine dernière, votre chef vous a retiré un gros projet, la pilule ne passe pas. Vous avez dit à tout le service que vous étiez déçu. Mais, bien entendu, vous avez omis de préciser que vous aviez auparavant oublié de prévenir votre chef d’un retard dans la réalisation de cet important projet, qu’il s’est retrouvé coincé et qu’il s’agit là de la raison principale pour laquelle il vous a écarté.
Vous avez occulté cette partie de l’histoire parce que c’est celle qui est à l’origine de votre mal-être.
Pour étayer nos histoires de victimes, nous n’évoquons que nos bonnes intentions. « J’ai pris du retard, car j’ai essayé de tenir des caractéristiques plus strictes que les normes imposées. » Hum, hum… Nous nous racontons que nous avons voulu trop bien faire, pas que nous n’avons pas respecté les délais. « Il ne sait tout simplement pas apprécier le travail des perfectionnistes comme moi. »
(Et cette pirouette supplémentaire vous fait passer du statut de victime à celui de martyr. Le pompon !)
HISTOIRE DE MÉCHANT – « TOUT EST DE SA FAUTE »
Nous nous montons le bourrichon en imaginant qu’une personne, pourtant a priori normale, se conduit comme un « méchant ».
Nous lui collons des étiquettes déplaisantes et nous rapportons au reste du monde tous les maux dont nous l’accusons comme si nous lui rendions service en faisant cela.
Nous décrivons un chef qui nous demande des informations sur un travail que nous devons lui rendre comme un maniaque du contrôle. Ou bien, quand notre conjoint se vexe, car nous n’avons pas tenu une promesse, nous disons qu’il manque de souplesse.
Dans les histoires de victime, nous exagérons notre innocence, dans les histoires de méchant, nous exagérons la culpabilité de l’autre. Nous lui attribuons automatiquement les pires intentions, ignorant tout signe de bonne volonté et lui déniant tout but qui ne serait pas négatif. L’étiquetage est courant dans les histoires de méchants.
« Je n’y crois pas, l’autre abruti m’a encore donné les mauvais documents. » En employant une étiquette, nous ne traitons plus avec un être humain.
Les histoires de méchant ne nous aident pas seulement à faire porter le chapeau à l’autre ; elles préparent également le terrain à n’importe quelle action contre les méchants.
Après tout, insulter un abruti ne nous pose aucun problème, alors que ce serait plus délicat avec un être humain. Ensuite, si nous n’obtenons pas les résultats souhaités, si nous restons bloqués avec notre comportement inadapté, c’est normal, vous avez vu avec qui nous devons travailler !
Faites attention aux différences de traitement. Quand nous prêtons attention aux histoires de victime et de méchant et les prenons pour ce qu’elles sont réellement – à savoir des interprétations injustes et erronées –, nous nous apercevons que nous faisons parfois deux poids deux mesures dans l’analyse de notre comportement et de celui des autres.
Quand nous commettons des erreurs, nous racontons une histoire de victime en clamant la pureté et l’innocence de nos intentions. « Je suis d’accord, je suis rentré tard et je ne t’ai pas appelé, mais je ne pouvais pas laisser l’équipe en plan ! »
Quand l’autre fait des erreurs, nous racontons une histoire de méchant en lui prêtant les pires intentions du monde, surtout si son comportement nous a particulièrement touchés. « Tu ne penses jamais à moi ! Tu aurais pu m’appeler pour me dire que tu rentrais tard ! »
HISTOIRE D’IMPUISSANT – « JE NE PEUX RIEN FAIRE D’AUTRE »
Dernière catégorie d’histoire : les histoires d’impuissant, dans lesquelles nous nous convainquons qu’il n’existe aucune autre alternative valable dans le genre de situation que l’on rencontre. Et cela justifie la façon dont nous allons réagir.
Voici le topo : « Si je ne criais pas sur mon fils, il n’écouterait pas » ou « Si je disais cela à mon chef, il s’énerverait tout de suite – alors bien sûr, je ne dis rien. »
Alors que les histoires de victimes et de méchants reviennent sur des événements passés pour expliquer une situation en cours, les histoires d’impuissance nous projettent dans l’avenir pour justifier notre incapacité à changer la situation.
Il est particulièrement facile de jouer la carte de l’impuissance quand, par le petit bout de notre lorgnette, nous caractérisons le comportement des autres comme quelque chose de fixe et d’immuable.
Par exemple, quand on perçoit son chef comme un « maniaque du contrôle » (histoire de méchant), on n’est pas enclin à lui donner un feedback sur ce point précis, car les « maniaques » comme lui n’acceptent pas l’avis des autres (histoire d’impuissant).
Donc, je ne fais rien ! Pas étonnant si rien ne change…
Comme nous venons de le voir, les histoires d’impuissant découlent des histoires de méchant et ne nous offrent généralement que des choix irréfléchis.
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