
12 septembre 2019
Extrait n°11 du livre Crucial Accountability
Parution en Septembre 2019
Mais tous cela est-il vraiment faisable dans la vraie vie ?
Un scientifique dans le domaine de l’aérospatial hésite à évoquer avec son chef un risque en terme de sécurité en cas d’utilisation d’une nouveau combustible puis choisit de se taire de crainte de s’attirer des ennuis.
Pendant des mois, il souffre de troubles du sommeil à l’idée qu’une tragédie puisse survenir. Une infirmière aimerait partager avec un médecin-chef une idée qui pourrait influer la santé d’un patient mais se retient par respect de la hiérarchie. Elle se demande tous les matins si se taire a été la bonne décision. Un mari doute de la fidélité de sa femme mais n’ose pas en parler avec elle.
Nous pourrions noircir des pages et des pages avec des exemples similaires. Dans la plupart des cas, les gens n’osent pas dire les choses ou confronter des comportements qui dérangent, même lorsque la situation les mine. Ils choisissent la facilité du silence au risque de s’exposer. Le calcul est toujours le même. S’exprimer comprend un risque, celui de ne pas être compris, de nuire à la relation ou de se causer des problèmes. Du coup, on se tait.
Jusqu’au jour où la cocotte-minute explose. Nous avons tant attendu que nos histoires se sont fortement amplifiées. Nous avons désormais l’énergie pour faire tout l’inverse de ce qu’il faudrait et nous sommes même convaincu que notre conduite est la seule et unique possible. Le silence fait place à la violence, pourtant ni l’un ni l’autre ne nous rend service.
Si vous ne deviez retenir qu’une seule chose de cet ouvrage, ce serait cela : chacun d’entre nous peut aller au dialogue dans le but d’engager ou responsabiliser un collègue, un proche ou une connaissance. Si vous cherchez bien, je suis sûre que vous trouverez des exemples de situations dans lesquels vous avez été en mesure de le faire et surtout de bien vous y prendre. Mais pour les mauvais jours, les jours où l’échange tourne court ou tourne au vinaigre, vous disposez désormais d’une approche que vous pouvez suivre ainsi que d’outils pour vous aider à ce que la réussite soit plus souvent au rendez-vous. L’idée n’est pas de prendre de risques inconsidérés, on ne vous demande pas non plus de sauter d’un avion sans parachute !
Les deux premières étapes, « parler ou se taire » et « maîtriser ses histoires » se déroulent dans votre tête, en toute sécurité. C’est vous qui décidez de soulever ou non un problème, de sélectionner le sujet qui mérite votre attention et de vous mettre dans les meilleures dispositions pour ne pas vous laisser submerger par vos émotions. Vous mettez ainsi toutes les chances de votre côté pour bien gérer les trente premières secondes de l’échange et doubler vos chances de réussite. Ce n’est que quand la phase de réflexion fait place à la prise de parole, au moment où vous décrivez avec calme et discernement le décalage entre votre attente et ce qui s’est produit, que vous vous exposez à un éventuel risque.
Mais si vous décrivez factuellement le comportement observé et partagez vos histoires sans porter de jugement, vous limiterez significativement tout risque de dérive émotionnelle. Si vous posez des questions ouvertes et accordez toute votre attention aux réponses et réactions de votre interlocuteur, vous minimiserez les risques que la conversation ne dérape. Si toutefois un dérapage devait se produire, que l’autre se mette sur la défensive, s’énerve, voire même devienne agressif, vous avez la possibilité de rembobiner le fil de l’échange et de traiter le nouveau problème en mettant de la sécurité, et s’il le faut, vous pouvez même opérer un repli stratégique en interrompant votre échange, le temps de repenser l’approche ou de retrouver vos esprits. Nous sommes face à une conversation entre deux personnes, pas à une embuscade.
Il existe des portes de sortie. Mais l’hypothèse la plus probable est que tout se passe bien, que la personne partage en toute transparence les raisons qui la poussent à agir d’une certaine manière. Manque de capacité ou de motivation ou peut-être les deux à la fois, qui sait, tout est possible. Motiver quelqu’un à nouveau ne présente pas de risque majeur. Il ne s’agit pas de faire usage de pouvoir, ni de faire plier l’autre pour qu’il accède à nos désirs, ni de le changer. Il s’agit juste de le motiver en lui permettant de prendre conscience d’aspects qu’il aurait eu tendance à occulter. Il s’agit de dialoguer pas de plaidoyer, nous avons le droit nous aussi de changer de position et de nous laisser influencer.
Est-ce qu’essayer de rendre les choses faciles à quelqu’un pourrait présenter un quelconque risque ? Non, car à nouveau l’idée n’est pas de forcer qui que ce soit à quoi que ce soit, mais juste d’aider et de chercher ensemble des solutions.
Il ne s’agit pas tant d’oser que de savoir influencer, responsabiliser et engager.
Alors vous sentez-vous prêt ?
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